Un franc succès pour la Tente de sécurité numérique lors du Forum Social Mondial de 2015 à Tunis

Dans le cadre du Forum social mondial (FSM) qui s’est tenu à Tunis du 24 au 28 mars dernier, Alternatives, DSS 216 en collaboration avec l’APC, Reporters sans frontières (RSF), Access Now et le média alternatif Nawaat se sont réunis pour coanimer des ateliers et des formations sous le chapiteau de leur Centre de sécurité numérique.

Malgré la pluie, leur initiative a attiré l’attention de plusieurs centaines d’activistes d’horizons variés. « Nous avons eu beaucoup de gens qui sont venus nous voir et qui n’étaient pas du tout sensibilisés par la question de la sécurité numérique au départ et qui ont par la suite pris conscience des limites croissantes de la liberté d’expression sur Internet », explique Jean-Marc Bourguignon, hacktiviste et consultant chez RSF. Selon Feroz Mehdi, cofondateur d’Alternatives, 150 militant.e.s parmi les 600 personnes qui ont visité la tente ont démontré un intérêt à suivre une formation plus approfondie en sécurité digitale. La popularité de cette première initiative collective a encouragé ces organisations à continuer à collaborer ensemble à long terme sur un plaidoyer régional visant à renforcer le respect du droit à la liberté d’expression, à la sécurité numérique et à la protection de la vie privée sur internet.

Sensibiliser à l’aide d’exemples concrets

Selon Jean-Marc Bourguignon, les révélations d’Edward Snowden et de Wikileaks ont contribué à accroître la sensibilisation populaire à la surveillance de l’internet. Toutefois, la grande majorité des gens échouent à reconnaître l’ampleur de la menace puisqu’elle demeure encore abstraite pour eux. Même au FSM, on pouvait fréquemment entendre le discours du « je n’ai rien à cacher ». Afin de démystifier cette idée récurrente, les quatre organisations ont réalisé que la démonstration de techniques de surveillance simples et concrètes est souvent la manière la plus efficace de conscientiser les gens. « Lorsqu’on leur montre sur leur ordinateur qu’on peut très rapidement avoir accès aux données de leur iPhone, à l’historique de leurs déplacements et à leur historique de navigation, là ils commencent à prendre conscience que leur vie privée se balade un peu partout et que des gens sont susceptibles de la capter », affirme Jean-Marc Bourguignon.

D’autre part, l’évènement offrait des formations gratuites sur des techniques de sécurisation des appareils numériques à tous les militant.e.s, journalistes, organisations, blogueuses et blogueurs qui souhaitaient modifier leurs habitudes sur internet afin de sécuriser leur travail et leurs communications. À la suite des formations, plusieurs débats ont eu lieu au Centre de sécurité numérique. Ces discussions ont porté sur un certain nombre de sujets tels que la liberté numérique dans le monde, l’importance de l’utilisation de solutions libres (opensource) pour les collectifs et la limite entre l’espace public et l’espace privé sur internet.

Tisser des liens pour travailler collectivement sur un plaidoyer sur la liberté numérique

L’attentat au musée de Bardo, quelques jours avant le début du Forum Social Mondial, a ramené au premier plan de l’ordre du jour politique la nouvelle loi anti-terroriste que le gouvernement tunisien souhaite adopter. DSS 216, Alternatives, Reporters sans frontières et Access Now craignent tous les quatre que cette nouvelle loi entraine un retour de la surveillance sur internet. Même si les détails de cette loi anti-terroriste sont encore indéterminés, les quatre organisations n’attendront pas sa sortie finale pour réagir. Ils comptent constituer d’ici peu un comité de sages qui surveillera cette question de près et qui travaillera sur un plaidoyer commun afin de conserver une réelle liberté numérique en Tunisie. La FSM a fourni une occasion propice pour discuter ouvertement de la création de ce comité. Tous ceux qui sont intéressés sont invités à rejoindre leur initiative. Au cours des prochains mois, il sera essentiel de miser sur la sensibilisation de la société tunisienne afin de contre-balancer les voix de plus en plus nombreuses qui supportent un retour du contrôle d’internet afin de lutter contre le terrorisme.

 

 

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