Nouveau membre d'APC, Rudi International : Travailler avec des enfants qui ont été privés de leur opportunité de développement en RDC

Par APCNouvelles

“Rudi” en Swahili veut dire “reviens.” C'est l'histoire de notre naissance en tant qu'organisation. Nous considérons que c'est un privilège de donner et de faire partie du changement que nous voulons voir autour de nous.

Voici comment le nouveau membre d'APC, Rudi International, basé en République Démocratique du Congo (RDC), accueille les visiteurs sur son site web. L'accès à l'éducation, à l'alphabétisation, à la santé, à la guérison des traumatismes des victimes de violences basées sur le sexe et à un meilleur accès aux technologies de l'information et de la communication (TIC), entre autres aspects du développement de leurs communautés, constituent leurs principaux domaines d'intervention. . Nous avons discuté avec le co-fondateur et président de Rudi International, Alain-Daniel R. Wa-Baguma de leur travail et de leur avenir, peu après adhésion à APC

APCNouvelles  : Vous travaillez avec des enfants victimes de conflits. Pouvez-vous nous en dire plus sur ces groupes et comment vous travaillez avec eux? 

Alain-Daniel : La plupart des membres de notre équipe d'origine ont grandi dans les provinces de l'est de la RDC, où la plupart d'entre eux ont connu un conflit armé et ses conséquences. Nous avons grandi et survécu aux dangers de l'enfance et de la jeunesse dans une zone déchirée par la guerre. Nous comprenons donc les besoins d'un enfant dans une telle situation. Lorsque la plupart d'entre nous ont obtenu leur diplôme universitaire et sont devenus capables d'aider les autres, nous nous sommes sentis appelés à donner le maximum de ressources, d'accès à une éducation de qualité et sans interruption ainsi qu’une croissance spirituelle à ceux qui sont encore jeunes et traversent les mêmes expériences traumatiques, nous avons survécu. C'était la genèse de Rudi International. Depuis lors, nos activités se sont étendues à une approche plus holistique de la prise en charge de ces enfants et de leurs familles, ainsi que de la communauté dans laquelle ils vivent.

Le premier groupe avec lequel nous avons travaillé était composé d'enfants déplacés par la guerre de leurs villages et villes proches de Goma, en RDC. Tous avaient commencé l'école dans cette communauté de personnes déplacées mais ne pouvaient pas continuer parce que leurs familles n'étaient plus en mesure de payer les frais de scolarité, les fournitures scolaires ou l'uniforme scolaire requis. Bien que beaucoup de ces enfants aient démontré un grand potentiel pour l'obtention d'une bourse grâce à leurs notes élevées sur les bulletins de classe, ils ont été privés de leurs possibilités de développement par la pauvreté généralisée causée par toutes les conséquences de la guerre en RDC. Bon nombre de ces enfants avaient perdu l'un de leurs parents ou les deux, certains vivaient avec des membres de leur famille qui n'avaient aucun moyen de les garder à l'école, tandis que d'autres vivaient dans des situations encore plus complexes.

Après la première année de travail avec les enfants, nous avons découvert qu'une solution plus durable au problème que nous tentions de résoudre était d'élargir notre portée aux familles des enfants que nous aidions. Donc, cette deuxième année, non seulement notre programme d’éducation a doublé en grandeur, mais nous avons également lancé un programme de sensibilisation pour les mères des enfants qui ont subi un traumatisme pendant la guerre. Ce programme a été une grande bénédiction pour trois ou quatre douzaines de femmes directement jusqu'à présent et pour toute une communauté par ricochet.

La loi-cadre existante sur les télécommunications en RDC ne traite pas de manière adéquate les réalités sociétales et technologiques modernes. Nous voulions donc promouvoir une autre loi qui porterait sur des aspects tels que la vie privée. Une des choses que nous avons faites pour y remédier a été de réunir un groupe de représentants de la société civile pour un atelier sur les politiques en matière de TIC à Lubumbashi en juin 2018. Nous avons discuté du paysage politique en matière de TIC et présenté la Déclaration Africaine de Droits et Libertés de l’internet, dont les principes clés ont éclairé les discussions sur le projet de loi et nous avons profité de cette occasion pour contribuer à un nouveau projet de loi qui soutient les droits des citoyens à la vie privée et à la protection des données, la liberté d'expression et l'accès à l'information en ligne. Nous avons produit un document contenant des recommandations en tant que représentant de la société civile et l'avons envoyé au parlement.

APCNouvelles  : Quelle est la partie la plus difficile de votre travail ? Avec quoi avez-vous le plus du mal, ou quels obstacles rencontrez-vous le plus?

Alain-Daniel : La partie la plus difficile de notre travail est de financer les aspects administratifs et généraux de notre travail. Nous ne sommes pas salariés mais bénévoles ; toutefois, il reste quand même des frais à ouvrir et des besoins à satisfaire au sein de notre équipe. Ceux-ci comprennent, entre autres, le paiement de notre présence sur internet, la location de bureaux, le matériel informatique et la couverture médiatique (photo et vidéo). Toute personne intéressée à trouver des moyens de nous équiper et de soutenir nos fonds généraux, est invitée à nous contacter via notre site web et nos pages de réseaux sociaux. Il y a des outils comme des outils de comptabilité et des outils de gestion de projet que nous souhaiterions pouvoir acheter. Nous avons également du mal à trouver des vidéographes professionnels capables de produire un bon résumé vidéo de ce que nous sommes et du travail que nous faisons.

APCNouvelles  : Racontez-nous quelques histoires de réussite. Quel a été l'impact de votre travail dans votre communauté ?

Alain-Daniel : Chaque année scolaire que nous terminons avec plus de 95% de nos élèves, est une réussite. Cette histoire de réussite a été soutenue au cours des sept dernières années de notre existence. La rapidité avec laquelle nous avons pu faire passer le programme d’éducation de 16 enfants à 32, puis à 72, et maintenant à 100 enfants à la dernière année scolaire est encore plus digne d’être célébrée. 

APCNouvelles  : Pourquoi avez-vous rejoint le réseau APC ? Que pensez-vous pouvoir contribuer en tant que membre et qu'attendez-vous d’APC?

Alain-Daniel : Le réseau APC a été une excellente ressource pour notre équipe et pour le travail que nous faisons dans le secteur des TIC. Grâce à ce réseau, nous tirons des enseignements des expériences de nombreuses personnes et identifions des moyens d’améliorer notre travail et d’élargir notre impact de manière plus efficace. Parce que nous souhaitons également influencer positivement bien plus de personnes que ceux dans notre communauté, nous sommes reconnaissants de faire partie d'un réseau qui nous donne l'occasion de partager nos connaissances et notre expérience avec le reste du continent africain et du monde. Nous espérons créer des amitiés et des partenariats qui permettront à l'expérience croissante de Rudi International de se répéter dans autant de domaines que nécessaire.

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