Semer le changement : la Digital Empowerment Foundation réduit les écarts entre les genres et la fracture numérique dans l’Inde rurale

Comment les membres d’APC améliorent-ils le quotidien de leur communauté ? Nous présentons dans cette chronique des récits qui soulignent l’impact et les changements opérés par nos membres, avec l’aide de subventions secondaires d’APC. L’organisation non gouvernementale (ONG) Digital Empowerment Foundation (DEF) basée à Delhi œuvre à combler les écarts entre les genres et réduire la fracture numérique dans les régions rurales de l’Inde.

Lutter contre les stéréotypes de genre

En sa qualité de membre active du réseau, DEF a bénéficié de plusieurs subventions secondaires d’APC, et notamment d’une subvention de soutien au travail sur les réseaux communautaires que l’ONG réalise depuis une décennie. En partenariat avec le projet Connecter les non connectés mis en œuvre par APC et Rhizomatica, DEF a lancé un projet intitulé Les Ingénieures wifi aux pieds nus dans lequel les femmes sont formées à l’installation et la réparation des nœuds des réseaux communautaires. Dans le cadre de ce projet, DEF a formé 24 femmes, majoritairement jeunes, à la technologie numérique fonctionnelle puis organisé une formation spécialisée sur l’internet et la mise en réseau sans fil.

Ce projet a non seulement contribué à réduire la fracture numérique, mais également ouvert la voie à des moyens de subsistance alternatifs pour les femmes. Grâce à l’internet, les personnes de la communauté ont également pu avoir accès à ces possibilités.

« Je n’aurais jamais pensé que je ferais un tel travail, que je connecterais les personnes par l’internet et le wifi. En plus, cela leur permet désormais d’accéder à des moyens de subsistance et à des informations », explique Talaria Amruta, l’une des bénéficiaires du projet.

Le démantèlement des déchets électroniques, source de revenus pour les femmes

En 2018, DEF a reçu une subvention secondaire d’APC pour travailler avec des chiffonnières de Mumbai, à Moradabad dans l’Uttar Pradesh et de Seelampur à Delhi à la sensibilisation des dangers sanitaires que représente le recyclage informel des déchets électroniques. Selon Anulekha Nandi, de la division Recherche et Plaidoyer de l’ONG, « les chiffonnières sont au plus bas de l’échelle sociale, et le démantèlement des déchets électroniques est pour elles une importante source de revenus. »

Parce que le recyclage informel en Inde est constitué de « réseaux complexes », et que par le passé des études sur le recyclage informel par des ONG ont donné lieu à des descentes de police, leur travail s’est révélé difficile, voire dangereux : « La plupart du démantèlement de déchets électroniques se fait de nuit. Et la nuit, il est très risqué de se rendre dans ces secteurs du fait des réseaux de démantèlement des déchets électroniques qui affluent vers le marché gris », explique Nandi. « Les travailleurs et travailleuses de terrain racontent comment lorsqu’ils et elles essaient de se frayer un accès, on les menace généralement en leur rétorquant qu’il vaut mieux ne pas poser trop de questions. »

La complexité du marché gris du recyclage informel, et la dépendance des communautés sur ces dangereuses pratiques de recyclage, en font également un terrain « éthiquement difficile » à naviguer du point de vue politique, ajoute Nandi. « En ce qui concerne Seelampur, par exemple, une communauté tout entière dépend financièrement de ce recyclage. En l’absence de rebuts technologiques dans ces lieux, je ne vois pas comment ces communautés pourraient survivre », fait-elle remarquer. « Le changement doit être graduel, et non pas radical avec une abolition des pratiques dangereuses de recyclage. C’est à ce niveau-là que je pense qu’il nous faut être sensibles au contexte. »

Bien que DEF soit une grosse ONG ayant accès à différentes sources de financement, le programme de subventions secondaires d’APC s’est révélé d’une grande utilité, d’après son fondateur et directeur Osama Manzar. « Les subventions secondaires nous ont permis de prendre des risques à court terme sur des questions cruciales, qui ne s’inscrivent pas forcément dans nos objectifs annuels », explique-t-il. « Elles nous ont permis de compléter le travail que nous faisions déjà, et de mettre la cerise sur notre gâteau. » 

En continuant cette analogie culinaire, Manzar ajoute : « Quand on a tout fait, et que tout est cuit, comment apporter la touche de finition, ces éléments invisibles, absents de la subvention principale du projet ? Cette petite subvention aide à faire tout ce qui nous a échappé. Comme le plaidoyer, par exemple, ou créer des supports de sensibilisation, mener des campagnes, organiser des discussions et partager nos expériences et connaissances », précise-t-il. « Les financements qu’on obtient sont généralement destinés au travail principal, pas à la conception des supports de communication ni au plaidoyer. Les subventions secondaires aident à réaliser ce travail indispensable à l’amplification de l’impact d’un projet. »

Apporter un soulagement dans le cadre de la pandémie de COVID-19

Le travail de DEF est devenu encore plus compliqué avec la flambée de l’épidémie de COVID-19, surtout en raison de la fragilité de l’infrastructure sanitaire dans les zones rurales du pays. Pour répondre à cette crise, l’ONG a lancé un programme de secours basé sur les TIC et adapté aux communautés, visant à apporter des secours dans les zones rurales, marginalisées et mal desservies de l’Inde.

Pour compléter son programme de secours déjà déployé, l’ONG a également lancé une trousse de ressources d’information sur la COVID-19 : des informations vérifiées fournies par la communauté sur le nouveau coronavirus, disponible en anglais et en hindi. Cette ressource comprend des éléments factuels sur le virus, des mesures à suivre pour une bonne santé mentale et physique, les choses à faire et à ne pas faire pendant la pandémie, et le traitement des infox relatives au virus.

Les informations présentées dans cet article sont tirées du projet « Connecter les non connectés : soutenir les réseaux communautaires et d’autres initiatives de connectivité à base communautaire » dont DEF fait partie. La chronique « Semer le changement » présente les expériences de l’équipe d’APC ainsi que des membres et partenaires d’APC qui ont bénéficié d’une subvention d’apprentissage et d’une subvention d’intervention pour la création de réseaux communautaires.

Cette histoire vous a inspiré·e à semer les graines du changement dans votre communauté ? Partagez votre histoire avec nous à l’adresse communications@apc.org

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