Promouvoir l’inclusion numérique des plus vulnérables en 2020

Image : Illustration par Lia Aroeira (Portal sem Porteiras community network, Monteiro Lobato, Brazil) pour le GenderIT.org article “Connected to care: Coronavirus and women's challenges in community networks”.

Par APCNews

En 2020, APC a travaillé en faveur de l’autonomie des communautés marginalisées afin qu’elles puissent bénéficier de l’internet et l’utiliser pendant la pandémie. Nous avons participé à la création d’un environnement favorable aux réseaux communautaires en travaillant au sein d’instances politiques internationales et en appuyant le développement de réglementations nationales en ce sens. Dans son volet de renforcement des capacités en matière de réseaux communautaires, APC a lancé un programme de mentorat et a soutenu des femmes qui travaillent dans ce type de réseaux grâce à des petites subventions.

Faire changer les politiques et les réglementations pour défendre les réseaux communautaires

APC a défendu l’importance des réseaux communautaires lors de sa participation à de multiples discussions internationales, régionales et nationales en 2020. Nous avons notamment animé des panels lors des Forums régionaux et internationaux sur la gouvernance de l’internet (IGF). Nous avons également co-organisé une série de webinaires sur la résilience de l’internet avec la Commission de l’Union africaine, l’Union africaine des télécommunications, l’Internet Society (ISOC) et Mozilla.

Nos plus importantes contributions en matière de politiques internationales ont eu lieu à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), au sujet des données de télécommunications ouvertes, et à l’Union internationale des télécommunications (UIT). Nous avons participé à plusieurs réunions de crise organisées par l’UIT en réponse à la COVID-19, et nous avons soumis un mémoire au groupe de travail du Conseil de l’UIT sur l’expansion de l’accès à l’internet. Nous y avons abordé le rôle des acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux, les défis auxquels sont confrontés les pays enclavés et le rôle des petits réseaux communautaires à but non lucratif. D’autres mémoires ont également été soumis au Forum mondial des politiques de télécommunication/TIC (FMPT) ainsi qu’à la commission d’études de l’UIT-D (aux questions 1 et 5) portant sur les stratégies et les politiques de déploiement de la large bande dans les pays en voie de développement et sur les télécommunications en zones rurales et isolées.

APC a organisé une série de webinaires sur l’accès communautaire à la commission de l’Union africaine. Nous avons organisé et animé trois ateliers dans le cadre de cette série, axés sur les stratégies d’utilisation partagée du spectre pour un accès abordable en zones rurales, les modèles d’accès complémentaires et le rôle de l’infrastructure dorsale en fibre optique.

Nous avons également participé à sept consultations publiques nationales sur l’accès en partenariat avec des organisations locales et internationales de la société civile au Brésil, en Colombie, au Mexique, en Éthiopie, au Kenya et en Afrique du Sud. Ces consultations nous ont permis de partager avec ces organisations les expériences des autres contextes nationaux.

APC a mené une consultation mandatée par l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), qui a abouti à la publication d’un rapport intitulé « Connectivité communautaire : Évaluer le potentiel des modèles de réseaux communautaires dans le contexte des déplacements forcés en Afrique de l’Est ». Publié en mai 2020 sur le site web de l’UNHCR, et republié sur apc.org, le rapport y a été lu plus de 1 100 fois. Le rapport sert de base à l’appel ouvert du HCR pour des subventions destinées à des projets pilotes de réseaux communautaires dans des camps de réfugié·e·s et des zones de déplacement forcé.

APC a influencé la politique internationale sur les données de télécommunication ouvertes en participant à des consultations publiques. Nous avons plaidé pour l’inclusion d’un libellé en faveur des données de télécommunications ouvertes dans la déclaration de l’OCDE sur la large bande, ainsi que dans les documents de l’UIT, qui devaient tous deux être finalisés en 2021. Nous avons également contribué aux efforts déployés par la Banque mondiale pour soutenir la mise en œuvre de recommandations sur les données de télécommunications ouvertes par l’Union africaine des télécommunications.

Grâce à une entente avec le bureau des Affaires étrangères, du Commonwealth et du Développement du Royaume-Uni, APC a pu offrir une assistance technique auprès des instances régulatrices du Brésil (Anatel) et du Kenya (l’Autorité des Communications du Kenya) afin qu’elles créent des politiques favorables aux réseaux communautaires dans le cadre de leur réponse à la pandémie. Nous avons appuyé Anatel dans la préparation d’une note d’orientation et d’un guide concernant la réglementation des réseaux communautaires, maintenant publié sur leur site web. Nous avons également créé une ressource, destinée à Anatel, qui compile des documents clés sur les réseaux communautaires, et nous avons apporté du soutien à son groupe de supervision. APC a accompagné l’Autorité des Communications du Kenya dans la rédaction de son premier cadre de délivrance de permis pour les réseaux communautaires. Ce travail avec les instances régulatrices se poursuivra en 2021.

APC a publié des recommandations de lignes directrices transnationales pour les politiques et les réglementations qui permettent aux opérateurs locaux de combler les lacunes des fournisseurs de services internet nationaux en matière de couverture. Ce faisant, nous avons encouragé une compréhension pratique de l’écosystème réglementaire nécessaire pour aider les opérateurs locaux qui offrent un accès à l’internet. Ces lignes directrices abordent les principaux obstacles auxquels sont confrontés les opérateurs locaux, tels que l’octroi de permis d’exploitation, l’octroi de licences et les redevances d’utilisation du spectre, l’infrastructure dorsale et de liaison, le soutien financier et l’accès aux informations sur les réseaux.

Aider les femmes à réagir face à la pandémie de COVID-19

Parmi les actions prises par APC pour répondre à la COVID-19, il y a eu la création d’un Fonds discrétionnaire pour le genre afin de renforcer les capacités des femmes travaillant dans les réseaux communautaires. Le fonds a soutenu des projets exploratoires, notamment des projets axés sur la lutte contre la violence basée sur le genre. Quatre collectifs de femmes, basés au Brésil, au Mexique et au Kenya, ont bénéficié de ce fonds. Les femmes travaillant dans leurs communautés ont ensuite pu décider ce qui constituait la meilleure réponse locale à la pandémie selon leurs contextes. Les projets portaient sur des questions liées à la connectivité, au développement de contenus communautaires sur leurs réseaux et au soutien des femmes victimes de violences basées sur le genre.

APC a organisé trois cercles de femmes où les femmes des réseaux communautaires se sont réunies pour discuter des moyens de faire face aux conséquences négatives de la pandémie, notamment l’augmentation de la violence en ligne basée sur le genre. En complément de ce travail, nous avons organisé un cercle d’apprentissage destiné aux hommes travaillant dans les réseaux communautaires. Dans cet atelier, il était question des obstacles qui empêchent les femmes des réseaux communautaires de réaliser leur potentiel, et de comment les hommes peuvent être des alliés dans la lutte pour les droits des femmes.

Nous avons invité des femmes qui travaillent dans des réseaux communautaires à partager leurs expériences liées à la pandémie par le biais d’illustrations et de discussions. Cette méthode offrait ainsi une nouvelle façon créative de s’exprimer et de conserver l’histoire orale. Ces témoignages ont été publiés sur GenderIT.org, sous le titre de « Connectées pour prendre soin : le coronavirus et les défis des femmes au sein des réseaux communautaires ». Vous pouvez y lire un article sur la résilience des femmes de Pamoja Net qui interagissent avec un chatbot qui fournit des informations de santé en République démocratique du Congo (RDC) et cette bande dessinée inspirée d’entretiens menés auprès de sept femmes qui travaillent dans des réseaux communautaires en Colombie, au Mexique, en Argentine et au Brésil.

Renforcer les capacités des réseaux communautaires

Au cours de l’année 2020, APC a continué à renforcer les capacités des réseaux communautaires en élaborant des lignes directrices sur la formation participative aux réseaux communautaires, en organisant des ateliers de formation et en lançant un programme de mentorat dans cinq pays cibles. Nous avons également organisé des espaces virtuels où les membres de réseaux communautaires ont pu apprendre à développer, façonner et utiliser les technologies à leur avantage. En septembre, l’équipe a organisé une semaine complète de formation, au cours de laquelle nous avons travaillé avec 15 organisations de réseaux communautaires pour renforcer leurs capacités internes et les aider à tendre vers la durabilité.

Environ 60 personnes ont participé à cet événement en ligne. Le guide d’APC intitulé « L’autonomie technologique comme constellation d’expériences : un guide pour la création et le développement collectif de programmes de formation destiné aux responsables techniques communautaires » a été publié en espagnol en 2020 et devait être lancé officiellement en 2021 en anglais et en espagnol. Le guide s’adresse aux personnes et aux organisations qui souhaitent développer des programmes de formation en technologies et communications dans leurs communautés et leurs régions.

Jokkolabs Banjul a favorisé l’inclusion numérique des femmes de régions rurales en Gambie

Jokkolabs Banjul, organisation membre d’APC, a amplifié les voix des femmes vivant en région rurale en Gambie en prévision des élections annoncées pour décembre 2021. Il s’agit de la première élection organisée dans le pays depuis le renversement de la dictature en 2016. Comme le décrit Jokkolabs Banjul, la bataille politique pour les votes se déroule désormais sur WhatsApp et dans les forums qui y sont créés. Son projet d’inclusion numérique, sous le slogan « Inclusion numérique : Pas sans nos femmes rurales », a permis aux femmes d’apprécier le pouvoir de la technologie en utilisant WhatsApp, et en créant notamment des messages vocaux pour partager leurs perspectives politiques dans les communautés.

Colnodo a formé des groupes marginalisés en ligne, mis en place des réseaux communautaires et agi pour l’environnement en Colombie

En 2020, l’organisation Colnodo, membre d’APC, a organisé toutes ses formations en ligne en raison de la pandémie, alors qu’elles se faisaient habituellement en face à face. Ce changement a surtout eu un impact sur la formation des femmes entrepreneures et leaders des territoires en Colombie, des paysan·ne·s et des jeunes. Colnodo a également appuyé 10 organisations de la société civile dans la mise en œuvre de leurs propres processus de formation en ligne. Alors que l’utilisation intensive d’internet pendant la pandémie s’est accompagnée d’une hausse des risques numériques, Colnodo a aidé les organisations de la société civile en matière de sécurité numérique et de prévention de la violence en ligne. L’organisation a continué à soutenir les réseaux communautaires qui avaient été mis en place à Maní et à Buenos Aires (dans le Cauca). Des réseaux communautaires appelés Jxa'h Wejxia Casil (ou « Réseau du vent ») ont également été mis en place à Caldono et Silvia. Cette initiative a ouvert de nouveaux espaces de dialogue, de réconciliation et de reconnaissance mutuelle pour les communautés autochtones, paysannes et de personnes anciennement combattantes. Colnodo a pu renforcer son Réseau de développement durable grâce à une subvention d’APC. L’organisation a pu faire la promotion d’une campagne de plantation d’arbres pour la restauration de la forêt tropicale. Elle a aussi mis en place un système d’énergie solaire dans le centre de données de Colnodo, ce qui a permis de réduire leur consommation d’énergie de 65 %. En collaboration avec Nodo TAU, une organisation membre d’APC en Argentine, les deux organisations ont développé un cours virtuel sur les TIC et l’environnement, dans lequel 182 personnes de sept pays ont été formées.

Lire le rapport annuel complet (en anglais) ici.

https://2020report.apc.org/



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