Que gagneront les citoyens du Forum sur la gouvernance de l’internet en Afrique centrale ?

Par Sylvie Niombo Éditeur APCNouvelles     Douala,

Douala - Charlotte Noblet, licence Creative Commons BY-NC 2.0Douala – Charlotte Noblet, licence Creative Commons BY-NC 2.0Le 29 mai 2012, près de cent cinquante (150) personnes prennaient part au Forum sur la gouvernance de l’internet (FGI) en Afrique centrale à Douala, au Cameroun. C’est une « approche inclusive et participative de la gouvernance de l’internet », a déclaré le Dr. Ebot Ebot Enaw, Directeur de l’Agence nationale des technologies de l’information et de la communication (ANTIC) du Cameroun, lors de l’ouverture de ce Forum.

Les deux premières éditions du FGI en Afrique centrale s’étaient tenues en 2010 et 2011 à Brazzaville, en République du Congo. Dans la même lancée, le Cameroun organise la troisième édition du Forum et qui planche présentement sur l’accès à l’internet, la gestion des ressources critiques, la diversité, les points d’échange internet, le cadre légal et la sécurité sur internet.

Les discussions riches et fournies ont porté sur l’accès universel et abordable à l’internet pour tous. Tout citoyen en Afrique centrale devrait avoir la possibilité d’utiliser internet et ce, dans sa propre langue. Une attention particulière doit être accordée aux femmes, filles, personnes vivant avec handicap et les personnes vulnérables.
Cependant, des barrières à l’accès persistent encore, parmi lesquelles l’infrastructure, les coûts élevés des équipements informatiques et l’analphabétisme sont du lot. La question de la sécurité sur internet a été relevée. ainsi que celle des mécanismes de réponse à la cybercriminalité par les Etats de l’Afrique centrale, qui seront présentés le troisième jour du Forum.

Pour le représentant de la Communauté Economique pour l’Afrique, et de l’Union Internationale des Télécommunications, ce Forum est un espace pour « s’informer, se former, et contribuer à l’émergence d’une société numérisée et sécurisée ». Il a cité le problème d’accès aux technologies de l’information et de la communication (TIC), un accès qui reste limité pour les personnes handicapées et défavorisées ; tout en soulevant la question de l’alphabétisation numérique.

Le message souvent entendu au FGI ici, est que l’internet peut « booster » la croissance économique en Afrique et servir de «  catalyseur pour le développement durable », qui bientôt sera en discussion au sommet Rio+20. Ainsi, faut-il retenir, une bonne gouvernance de l’internet est un indispensable facteur de développement humain, économique, social et durable.

Le Président de l’Internet Society (ISOC) au Burundi, Jean Paul Nkurunziza, a insisté sur le caractère multi partite de la gouvernance de l’internet, notamment la participation du gouvernement, du secteur privé et de la société civile. Il a relevé l’insuffisance de ressources humaines qualifiées dans ce domaine, indiquant que « près de 2% seulement d’Africains participent aux débats de l’ICANN sur le développement de l’internet ». Davantage de formations sur les questions de la gouvernance de l’internet pourraient donc accroître la contribution des citoyens de la sous-région à ces espaces.

Le point brûlant a été l’organisation des FGI nationaux, qui est crucial si les citoyens des pays de la sous-région Afrique centrale veulent obtenir un gain de ce forum. Intervenant lors des débats, Baudouin Schombe, consultant en TIC en RDC, ainsi que d’autres participants, ont relevé qu’il faudrait organiser les débats au niveau national sur les questions spécifiques à la gouvernance de l’internet avant d’arriver aux FGI régionaux. « Il faudrait ouvrir le débat au niveau national, car tout citoyen est utilisateur ». Des interrogations s’en sont suivies : qu’est ce qui a avancé depuis le processus du Sommet Mondial pour la Société de l’information (SMSI) ? Quel est le bilan des pays de la région après la déclaration de Genève (2003) et l’Agenda du SMSI (2005) ? Les acteurs ayant participé au SMSI, sont-il du FGI ?

Force est de constater que les questions débattues au niveau des FGI sont capitales pour tous les pays, et que « le FGI devrait être également un espace d’évaluation », comme l’a précisé Nnenna Nwakanma, Présidente de FOSSFA.

Par ailleurs, la question de la représentativité des pays d’Afrique centrale revient encore et ce depuis 2010, car l’on constate que sur plus d’une soixantaine de participants, le Cameroun est bien représenté, il y a quelques participants du Burundi, de la Centrafrique, du Congo, du Gabon, de la RDC et quelques participants de l’Afrique de l’Ouest. Parfois, c’est un ou deux participants par pays seulement.

La représentativité en termes de parties prenantes pour les prochains FGI Afrique centrale devraient être revues : les structures gouvernementales, le secteur privé, les organisations de la société civile ; afin de s’assurer que les échanges mènent à des actions concrètes au niveau des pays, car comme l’a souligné un des participants « le FGI n’est pas un organe de décision ».

Les expériences sur les FGI nationaux, qui seront présentés lors de la deuxième journée du Forum, édifieront certainement les participants sur les actions à mener au niveau des pays, afin de contribuer à la réduction de la fracture numérique en Afrique centrale.

Sylvie Niombo est Directrice générale de l’association AZUR Développement, en République du Congo.



« Retourner