Afrique centrale: L'accès, encore et toujours

Par FD Éditeur APCNouvelles     Douala,

Bill Zimmerman - Licence Creative Commons BY-NC-SA 2.0Bill Zimmerman – Licence Creative Commons BY-NC-SA 2.0«On n’a pas encore en Afrique la nette conviction que l’internet peut améliorer la qualité de la vie, et permettre plus facilement de trouver des solutions aux problèmes de développement», peut-on lire sur le site web du Forum sur la gouvernance de l’internet en Afrique centrale. Cela n’est pas étonnant, lorsque que l’on sait que «l’accès à internet reste un luxe au Cameroun», tel que le rapportait le magazine Jeune Afrique, le 12 janvier dernier. «Un débit de 1 mégaoctet coûte environ 150 euros par mois», renchérissait-il, avant d’en attribuer la faute à l’opérateur Camtel, le monopole public gardant jalousement son accès à l’unique cable sous-marin SAT3.

Ceci dit, depuis le début 2012, la fibre optique est exploitable dans la ville de Douala (capitale économique), l’extension est encours à Yaoundé et bientôt dans d’autres villes du pays. Selon Pauline Safak Djoumessi, experte en économie et finance des télécoms au Ministère des Postes et Télécommunications du Cameroun (MINPOSTEL), il existe en Afrique des projets de développement de câbles à fibre optique au plan national et international. On connaît le câble Eastern Africa Submarine Cable System (EASSy), long de 10 000 kilomètres, qui alimente la côte Est africaine. En Afrique centrale, le Réseau de télécommunications à haut débit «CAB» prévoit que les pays d’Afrique centrale, dont le Cameroun, s’interconnectent entre eux par fibre optique.

Voilà en quelques lignes le nœud, soit le cœur du questionnement que se poseront les participants au tout premier Forum sur la gouvernance d l,Internet en Afrique centrale, événement qui se tiendra dès demain, mardi le 29 mai à Doula, au Cameroun. Mais encore? Le forum serait «un cadre pour instaurer un dialogue sur les questions de gouvernance de l’Internet dans la sous région Afrique centrale», nous apprend-on.

Or, le dialogue semble déjà assez bien engagé. Pas plus tard que le 25 mai dernier, Victor Ndonnang de Yaoundé (ndonnang) y allait du commentaire suivant sur Twitter: «La problématique de l'accès à Internet fait partie de la gouvernance. Le forum #FGI-AC, c'est pour penser les solutions...», en réponse à une question sèchement posée par le compatriote Jean-Francis Ahanda, de Douala (jeanfrancis): «pourquoi se poser la problématique de la gouvernance quand le simple internet est encore confidentiel? Gouverne quoi donc?»

Lorsqu’on y regarde de plus près, selon les chiffres de l’Union Internationale des Télécommunications, le pays de 19 millions d’habitants compte 750 000 utilisateurs internet en date de juin 2010, soit 3.9% de la population et un taux de pénétration de 4% (http://www.giswatch.org/en/country-report/social-mobilisation/cameroon). Une étude datée de 2008 de l’Agence Nationale de Développements des TIC du Cameroun nous apprend par ailleurs que la télédensité de l’internet était inférieure à 0,2%. La télédensité révèle le nombre de lignes téléphoniques par habitant. Malgré ce faible taux, nous apprend Avis Momeni, Secrétaire Général de l’association camerounaise PROTEGE QV, «c’est au cours des années 2000 que l’internet prend tout sens d’outil de communication public au Cameroun».

Dans les villes, nous apprend t-il, le public fréquente les cybercafés appartenant à des privés, tandis que le gouvernement se branche par le MINPOSTEL, qui a construit jusqu’ici une quarantaine des télécentres communautaires polyvalents (TCP) dans les chefs-lieux d’arrondissement, les zones enclavées et les zones frontières.

«Comme membre d’APC, PROTEGE QV fait sien le combat de ce réseau pour l’accès à la communication pour tous», explique Avis Momeni. Si au Cameroun, le droit à la communication est une réalité, il reste que seulement quelques couches sociales bénéficient soit des infrastructures de communication, soit des outils de communication. Malgré la fracture numérique, Momeni note un effort certes lent, mais louable de l’Etat camerounais pour combler ce déficit. «Bon nombre d’ONGs et associations veillent au grain pour faire de l’accès pour tous à la communication une réalité», conclut-il.

En plus d’assister au Forum, PROTEGE QV tiendra un stand d’exposition. Le groupe y présentera entre autres l’implication de PROTEGE QV dans la célébration des différentes éditions de la Journée du logiciel libre, sa contribution au rapport annuel GisWATCH, ses projets de vulgarisation d’internet à l’école de Biyemassi, son kit de recherche multimédia MMRK et ses recherches menées au sujet des TCP du Cameroun.



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