Une entrepreneuse des technologies en selle pour faire progresser les télécommunications en Afrique

Coura Fall est entreprenante, dynamique, connaît les médias et a roulé sa bosse avec toutes sortes d’acronymes. L’un d’eux est TIC, employé pour désigner les technologies de l’information et de la communication. Coura s’en est emparé et s’apprête à nous rincer les oreilles avec ces trois lettres qui risquent de faire toute la différence en Afrique. Laissez-vous conquérir par la « fièvre TIC » en suivant cette entrevue avec la nouvelle coordonnatrice africaine des politiques de TIC à l’Association pour le progrès des communications (APC).

Coura Fall est entreprenante, dynamique, connaît les médias et a roulé sa bosse avec toutes sortes d’acronymes. L’un d’eux est TIC, employé pour désigner les technologies de l’information et de la communication. Coura s’en est emparé et s’apprête à nous rincer les oreilles avec ces trois lettres qui risquent de faire toute la différence en Afrique. Laissez-vous conquérir par la « fièvre TIC » en suivant cette entrevue avec la nouvelle coordonnatrice africaine des politiques de TIC à l’Association pour le progrès des communications (APC).

APCNouvelles: Vous vous êtes jointe à APC en juillet 2007. Qu’est-ce qui vous a attiré à APC?

Travailler à APC m’a attiré à plusieurs titres.

J’ai connu APC en tant qu’animatrice pour le Sénégal d’une portion du programme CATIA, une initiative pour promouvoir l’accès aux TIC en Afrique. Cela m’a impressionné de voir d’abord une équipe multiculturelle, présente sur tous les continents, avec une vision qui épousait vraiment mon souhait de voir un monde où tous les peuples pourront ensemble avoir accès et à un prix abordable aux outils TIC. L’accès aux technologies de l’information et de la communications (TIC) est perçue par APC dans la perspective de l’amélioration la vie de tous les jours de ces peuples et même dans celle de créer de la richesse pour une meilleure démocratie.

En plus, j’ai eu l’occasion de rencontrer des membres du Programme d’appui aux réseaux de femmes (PARF d’APC) qui œuvre aussi pour la condition des femmes. En tant que femme, je me retrouvais dans leur mission d’intégrer une perspective sur le genre dans les visées d’APC.

Après quinze ans d’expérience enrichissante dans le secteur privé, je me suis soudainement sentie inutile pour les autres membres de la société, défavorisés et souvent laissés en rade dans nos pays en voie de développement. En travaillant avec la société civile, mon apport à la société sera plus direct et efficient.

Ayant commencé mon plaidoyer pour les politiques de TIC au Sénégal en tant qu’animatrice, je me suis sentie frustrée à la fin du programme CATIA surtout avec la dynamique amorcée avec les médias. Je sentais qu’il me fallait aller plus loin, contribuer davantage. Intégrer APC, réseau international d’organisations de la société civile œuvrant pour l’internet et les TIC pour la justice sociale et le développement durable, m’a attirée tout particulièrement pour d’abord poursuivre ce plaidoyer au Sénégal mais surtout pour élaborer et mettre en place la stratégie africaine de plaidoyer d’APC en ce qui concerne les technologies de l’information et de la communication pour le développement et la gouvernance de l’internet.

APCNouvelles: Que faisiez-vous avant de vous joindre à APC?

J’avais un pied dans le privé et un autre dans la société civile.

Ma formation et mes expériences professionnelles m’ont permis de gérer des projets d’entreprises innovantes comme des réseaux de messagerie unilatérale, un réseau de téléphonie mobile GSM en Côte d’Ivoire, au Sénégal et au Togo, un fournisseur d’accès internet en Côte d’Ivoire, des sociétés intégrateurs de solutions au Sénégal. Je suis également coactionnaire d’une entreprise de téléservices, soit un centre d’appels a vocation régionale qui gère le service d’information de l’Ambassade des États-Unis pour les demandes de visas destinés aux ressortissants de plusieurs pays africains (Liberia, Sierra Leone, Mali, Mauritanie, Guinée, Gambie, Guinée-Bissau, et bientôt d’autres…). D’ailleurs toute mon équipe est féminine !

Je suis également membre fondatrice de plusieurs associations et organisations comme AfrisPA [Associations des fournisseurs de services internet d’Afrique], le SITSA [Association sénégalaise des TI] et ACSIS SENEGAL pour qui j’ai réalisé la mise en place et l’animation. Cette dernière implication m’a incitée à connaître les questions liées au plaidoyer pour les politiques TIC dans la région et dans le reste du monde.

De 2005 à février 2007, j’ai coordonné dans le cadre de CATIA, un programme de plaidoyer sur les politiques TIC en travaillant étroitement pour le renforcement des capacités des médias dans ce domaine. Cela m’a permis d’échanger avec d’autres animateurs en Afrique et surtout de collaborer en ligne pour un partage d’expériences tout en mobilisant différents acteurs au niveau national. Des résultats positifs ont été notés. Pour n’en nommer qu’un, je dois souligner la mise en place d’un réseau de journalistes spécialisés en TIC et une émission télévisée nationale sur les politiques de TIC au Sénégal.

En ce moment, j’aide également l’ONG allemande IT-Pool dans son programme de renforcement des capacités sur les logiciels libres (certification du Linux Professional Institute) et la mise en place d’un centre de formation aux logiciels libres a Saint-Louis, dans le nord du Sénégal.

APCNouvelles: Quels sont vos défis et visées immédiates dans le cadre de votre nouveau poste?

Mon premier défi est de pouvoir m’intégrer à l’équipe et de collaborer efficacement avec mes collègues pour remplir la mission de ce nouveau poste.

Mon plan de travail ayant déjà été validé par le responsable du PPCI [programme des politiques de communication et d’information d‘APC], je devrais rapidement arriver a mettre sur pied la stratégie d’APC en ce qui concerne le plaidoyer sur les politiques de TIC entre autres. Cela inclu de:

-    développer une base de données sur les enjeux des politiques de TIC, surtout en ce qui concerne les câbles sous-marins SAT3 et EASSy et participer à tous les débats autour de ces enjeux pour une prise en compte des besoins de la société civile ;

-    mettre en place un réseau d’acteurs, aussi bien en Afrique Subsaharienne qu’en Afrique de l’Est et du Sud, les faire participer au plaidoyer et les accompagner à la rencontre "Connect Africa" qui aura lieu a Kigali au Rwanda à la fin octobre ;

-    mettre à jour l’Observatoire des politiques de TIC en Afrique ;

-    développer une version française du la campagne « Fibre for Africa » ;

-    participer à certains événements portant sur les politiques de TIC dans le monde pour pouvoir être au courant des évolutions au niveau des politiques et surtout s’imprégner de l’environnement.

APCNouvelles: Clairement, vous n‘êtes que dans vos premiers jours à APC et devez répondre au nouvel environnement et demandes pressantes. Mais comment voyez-vous les politiques de TIC évoluer à APC et dans l’ensemble de la société civile?

En Afrique, l’accès à la bande passante n’est pas abordable et ne permet pas de répondre aux besoins économiques de développement du continent. L’absence de cadre stratégique ou réglementaire approprié empêche la pleine utilisation de ces infrastructures.

De l’Afrique de l’Est à l’Ouest, le débat concerne l’accès à la bande passante de la perspective du consommateur final ; donc de la société civile.

A APC, on parle maintenant d’accès ouvert et cette nouvelle donne devra être prise en compte dans le cadre de la mise en place des politiques de TIC, surtout dans les infrastructures en Afrique et dans les pays sous-développés en général.

Mais tout cela devra passer par un renforcement des capacités des différents acteurs de la société civile pour les informer et motiver à animer des réseaux pouvant défendre leurs intérêts en matière de TIC. Cette approche multisectorielle devrait permettre un plaidoyer plus efficace et la mise en place de politiques de TIC plus adaptées aux besoins de la société civile pour « un monde dans lequel tous les peuples ont un accès égal et abordable au potentiel créatif des TIC afin d’améliorer leurs vies et créer des sociétés plus démocratiques et égalitaires ». Je cite ici la vision d’APC élaborée en 2001 et à laquelle j’adhère pleinement.

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