TIC et minorités : étudiants sourds ne sont plus exclus des TI

Par Lourdes Pietrosemoli Éditeur EsLaRed     MERIDA,

Internet training for the deafInternet training for the deafDu 3 mars au 10 juillet 2009, la première formation en Fondamentaux de TI (IT Essentials) de l’Académie de gestion des réseaux de Cisco (Cisco Networking Academy) à l’intention d’un groupe de six participants sourds s’est tenue à Mérida au Venezuela.

Ce cours fut une étape décisive pour les malentendants dans notre ville qui n’ont seulement ont acquis des outils essentiels pour leur développement individuel mais aussi les mécanismes pour transmettre la connaissance reçue à d’autres personnes malentendantes dans la communauté. Cette expérience, est une initiative de la Fondation des écoles de gestion de réseaux d’Amérique latine (EsLaRed) et a été financée par l’Internet Society ; le principe étant que les minorités peuvent profiter des technologies de l’information et de la communication pour accéder à de nouvelles opportunités d’emploi et à la croissance personnelle.

Les communautés des malentendants de presque tous les pays en développement vivent des problèmes similaires. Parmi ces problèmes, il y a le manque de programmes spécifiquement conçus pour être transmis dans la langue des signes de leur communauté. Par exemple, au Venezuela, bien que la Constitution stipule clairement le droit des minorités linguistiques (et la communauté des malentendants est globalement considérée comme tel) à recevoir l’éducation dans leur propre langue, ceci est rarement le cas dans la pratique, comme il n’y a pas de professionnels qui maîtrisent de façon adéquate les deux langues impliqués (la langue des signes espagnole et vénézuelienne) et il n’existe pas de curricula répondant aux besoins des malentendants.

Cette expérience menée avec succès avec quatre étudiants malentendants certifiés par l’Académie de gestion des réseaux de Cisco (Cisco Networking Academy) dans les Fondamentaux des TI est unique dans notre pays, et nous pensons qu’elle pourrait être exportée vers d’autres communautés.

Résumé de l’expérience :

An initial group of deaf people with the following requirements was selected: good self-learning abilities; interest in communication and information technologies, and time for extra activities. Given the conditions of the group, this course could have been longer than usual, which is a potential obstacle in terms of time allocation. In our country, if a deaf person is fortunate enough to have a steady job, getting permission to pursue other activities during office hours can pose an additional difficulty. Once the group of six was formed (four men and two women), the Cisco Academy of the Latin American Networks School Foundation (EsLaRed) in Mérida, assigned six scholarships for the deaf students. The course was held in the networks lab, Labred, of the Universidad de los Andes. The Lab, specially equipped for this kind of training is also EsLaRed’s headquarters.

Deaf participants receive their certificate and computer portal.Deaf participants receive their certificate and computer portal.

Un premier groupe de personnes malentendantes répondant aux conditions suivantes a été sélectionné : auto-didacte, intérêt dans les technologies de l’information et de la communication, et suffisamment de temps pour des activités hors du travail. Etant donné la nature du groupe, ce cours aurait pu prendre plus de temps que d’habitude, un obstacle potentiel en termes d’allocation de temps pour le cours. Dans notre pays, si une personne malentendante est assez chanceuse pour avoir un travail régulier, obtenir la permission pour poursuivre d’autres activités durant les heures ouvrables peut constituer une difficulté supplémentaire. Une fois que le groupe des six participants malentendants (quatre hommes et deux femmes) fut formé, l’ Académie Cisco Academy de la EsLaRed de Mérida leur attribua six bourses. Le cours eut lieu au Labred of Universidad de los Andes. Le laboratoire, spécialement équipé pour ces genres de formation est aussi le siège de EsLaRed.

En second lieu, nous avions recherché un interprète en langue des signes (Langue de signe venezuelienne (LSV) – Espagnol) qui travaillerait comme interface humaine entre le formateur du cours d’un côté et les participants à la fois malentendants et jouissant d’une bonne ouïe (13 en tout) de l’autre. L’une des difficultés rencontrées était que l’interprète recruté démissionna (pour des raisons personnelles) au bout de 3 semaines seulement. Il est important de dire que ni les étudiants ni l’instructeur ne furent découragés par cet incident et, en moins d’une semaine, un des étudiants malentendants (le seul ayant de bonnes capacités d’audition résiduelle et de lecture sur les lèvres) assuma la double tâche d’interpréter et de suivre le cours en même temps. Cette difficulté fut aussi minimisée par le fait qu’une relation humaine importante entre le formateur et le groupe d’étudiants malentendants d’une part, et entre les participants malentendants et ceux jouissant d’une bonne écoute de l’autre s’était installée. De cette façon, la formation s’est bien terminée, et quatre des six étudiants malentendants ont fini avec succès. Les deux autres auront une seconde chance pour reprendre le cours et obtenir leur certificat au cours d’une formation prochaine.

Il est intéressant de noter qu’un groupe de recherche local (Projet: Troubles de l’ouïe et communication – Impairment and Communication) s’est associé à cette initiative et a fait un don spécial au groupe de participants malentendants sous la forme d’un ordinateur portable moderne pour chaque étudiant ayant réussi. Le portable est aussi équipé d’un logiciel de synthèse de discours développé par les chercheurs du même groupe, qui permet aux utilisateurs de convertir le texte écrit en discours. Nul besoin d’expliquer que les applications d’un tel programme dans le quotidien des malentendants sont inestimables.

Alors que nous préparons ce rapport, les étudiants malentendants sont activement engagés dans le projet de transmettre leurs connaissances à d’autres membres de leur communauté et une formation pour acquérir les outils nécessaires pour enseigner les Fondamentaux des TI a déjà été programmée. Avec cette dernière étape, les éventuels problèmes avec les interprètes (jouissant d’une bonne ouïe) sont contournés. De plus, les chercheurs du projet ‘Troubles de l’ouïe et communication’ ont prévu un atelier de formation sur l’utilisation du logiciel de synthèse de voix qui se tiendra la semaine prochaine. En bref, cette expérience a représenté ce qu’est un réel réseautage humain. Plus qu’une fin heureuse, c’est un excellent début.

photos par: Garik Lawson Asplund and EsLaRed



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