Déb@tic: Dossier Spécial GORÉeTIC

Par Jacques Iyok Éditeur Déb@tic     ÎLE DE GORÉE,

M. Alioune Camara: M. Alioune Camara, Directeur des programmes TIC du CRDI, lors de la rencontre GORÉeTIC en juin 2008  Photo tirée de Deb@ticM. Alioune Camara: M. Alioune Camara, Directeur des programmes TIC du CRDI, lors de la rencontre GORÉeTIC en juin 2008 Photo tirée de Deb@tic

Lors de la rencontre GORÉeTIC du 17 au 20 juin 2008 au Sénégal, plusieurs membres de diverses organismes africains se sont réunis pour élaborer un plan d’action pour l’accès universel et abordable des TIC en Afrique Centrale et de l’Ouest. Dans un numéro spécial de « DÉB@TIC », consacré à l’atelier de GORÉeTIC, M. Jacques Iyok passe plusieurs de ses participants à l’entrevue, dont lors de cette première, M Alioune Camara, Directeur des programmes TIC pour le CRDI (Centre de recherches pour le développement international).

Monsieur Camara, dans le cadre du project Cicewa, APC a inité un atelier de création et de lancement d’un réseau francophone de recherché et de plaidoyer sur les TICpD en Afrique de l’ouest et centrale avec le soutien du CRDI. Pouvez vous nous dire pourquoi votre organisme est partenaire de Cicewa et pourquoi vous avez tenu participer au lancement de ce réseau à Gorée?

Le CRDI est un organisme qui soutient la recherche pour le développement. L’une de nos priorités dans notre programmation actuelle porte sur l’influence sur les politiques si je peux m’exprimer ainsi. Ce qui nous préoccupe de plus en plus c’est comment faire en sorte que les résultats de la recherche puissent influencer non seulement les politiques mais d’autres segments de la société. Nous avons cette approche là dans beaucoup de nos projets. Or, il se trouve qu’un certain nombre d’acteurs comme APC, KICTA-NET depuis quelques années font la promotion de la communication sur les TIC pour le développement et nous avons voulu profiter de l’expérience que ces deux organisations ont acquises dans ce domaine là pour faire en sorte que d’autres régions d’Afrique puissent en profiter.

Nous avons donc joint les deux concepts de réseaux sur les TICpD en Afrique de l’Est et dans d’autres régions du monde pour qu’un réseau similaire puisse être organisé en Afrique de l’Ouest et du Centre. C’est la raison pour laquelle les pays de la région Afrique de l’Ouest et du Centre vont participer à cette initiative qui va porter sur la problématique de l’accès universel et aborda- ble aux TIC parce que nous savons que dans nos pays il existe encore de très grandes dispari- tés entre les régions, entre les catégories de populations. Aujourd’hui, partout dans le monde, l’un des combats qui est mené en ce qui concerne les TIC c’est d’arriver à réduire le gap numérique.

C’est pourquoi notre organisation a appuyé le projet Cicewa qui concerne l’Afrique de l’Est, de l’Ouest et du Centre. Et moi étant basé ici au bureau pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, il était important que je vienne observer moi-même les dynamiques qui sont en train de naître entre les participants qui acceptent de se constituer en réseau dans cette sous région pour faire le plai- doyer sur les TIC pour le développement. C’est ce qui justifie ma présence à cet atelier de Gorée.

Qu’est-ce qui vous a le plus marqué lors de cet atelier?

Le caractère participatif de la discussion. Les séances auxquelles j’ai participé m’ont prouvé qu’il y a un intérêt venant de la plupart des participants de se mettre ensemble et de commencer à travailler dans le secteur des TIC pour pouvoir faire le plaidoyer et à travers ce dernier engager des changements dans ce secteur. L’autre élément qui m’a marqué dans cet atelier c’est cette volonté d’engagement que je vois chez les participants qui veulent absolument faire bouger l’agenda et d’arriver à ce que ce réseau soit une réalité. Je dois meme dire que mes attentes ont été dépassées de ce point de vue là parce que j’inscrivais le réseau dans le contexte du projet Cicewa mais je me rends compte que les participants ont cherché à aller plus loin en mettant en place une organisation structurée qui va profiter du projet actuel financé par le CRDI… mais qui espère (et je les y encourage) continuer ses activités au delà du projet du CRDI. C’est la pérennité des actions qui est importante. Nous sommes dans un domaine où nous avons besoin de réunir tous ceux qui s’intéressent aux TIC et qui veulent vraiment apporter des changements. Nous sommes tous convaincus que ces outils vont occuper une place de plus en plus importante dans la vie de tous les jours et nous voulons faire en sorte qu’il n’y ait pas de laissés-pour-compte dans l’accès aux TIC. C’est la raison pour laquelle le thème sur lequel le projet Cicewa en général et ce réseau vont devoir travailler est d’une importance capitale pour le CRDI.

Justement le thème retenu par le réseau GOREeTIC est le financement du service universel, vous le trouvez pertinent?

Il est très pertinent ! Aujourd’hui il est extrêmement important que dans nos pays on arrive à trouver d’autres mécanismes de financement. Depuis quelques années on a l’impression que
dans la mentalité de beaucoup de gens que les investissements dans le domaine des TIC pour le Développement (Il insiste sur le terme TIC pour le développement) à travers des initiatives communautaires, des activités orientées vers la santé, l’éducation, que ces activités doivent être financées par les sources extérieures. Or, nous savons que le secteur des TIC génère des ressources importantes dans nos pays (se référer par exemple aux chiffres d’affaires et aux bénéfices nets annuels annoncés par les opérateurs de télécommunication chaque année (ndlr)…et à travers l’expansion du secteur de la téléphonie mobile et la concurrence qui se joue aujourd’hui entre les différents opérateurs, il y a des ressources qui peuvent être mobilisées, qu’elles soient étatiques ou qu’elles proviennent des activités des agences de régulation, mais aussi des ressources qui peuvent venir d’autres bailleurs de fonds. Donc il faut qu’on arrive à trouver des mécanismes de financement qui soient plus durables. Instituer donc un financement du service d’accès universel dans nos pays est pour moi une grande priorité car cela va permettre d’aborder les vrais problèmes qui sont relatifs aux disparités et qui sont encore énormes. Ce n’est pas un problème uniquement rural. Cela concerne aussi les citoyens d’une même ville où il y a différentes catégories sociales. Il y a beaucoup de sénégalais aujourd’hui à Dakar par exemple qui ont accès à l’ADSL, qui ont Internet à domicile, les prix baissent parfois du fait de la politique de l’opérateur historique mais combien d’autres citoyens dans la même ville peuvent avoir les moyens de s’offrir Internet à la maison ou qui ont un accès limité à travers les cybercafés ? Il leur faut trouver des cyber…où ils sont à l’aise où ils peuvent travailler avec des outils modernes, convenables…où il y’a une bonne connectivité, etc. Je pense qu’il est extrêmement important que le financement du service universel contribue à résorber les disparités d’accès aux TIC…c’est fondamental.

Un dernier mot à l’endroit du réseau qui vient d’êtré crée?

Vous savez, en fin des travaux, nous avons eu l’occasion de voir le reportage sur les images qui ont été recueillies au cours de l’atelier (reportage réalisé par Barnabé Affougnon de Oridev Bénin …ndlr). L’une des images disait « il faut travailler maintenant », et je crois que c’est justement cela mon conseil. Au delà de l’engagement il faut tout de suite passer à l’action. J’ai l’habitude dans le cadre de mon travail d’être confronté à des situations où des initiatives sont lancées, au depart tout le monde est enthusiaste mais après on sent un relâchement au fur et à mesure. (…) Donc ce que je peux dire c’est qu’une fois qu’on est engagé, qu’on a un plan d’action, il faut l’exécuter et suivre. Il faut évaluer régulièrement. La communication devra jouer un rôle extrêmement important ; communication verticale entre la coordination et les membres…mais aussi communication horizontale entre les membres eux mêmes. Tous les outils de travail collaboratif devraient être utilisés à mon avis. Etant donné la parfaite maîtrise de ces outils là par les membres du réseau, nous espérons arriver à quelque chose d’exemplaire en Afrique de l’Ouest et du Centre. Personnellement, au delà de mon engagement institutionnel, du fait aussi de ma longue expérience dans le militantisme des réseaux, je vais m’investir également dans ce projet pour faire profiter de mon expertise. Nous souhaitons un grand succès et une longue vie pleine de bonnes réalisations au réseau GOREe-TIC.

note: extrait tiré du Magazine Déb@tic, qui sera bientôt disponble en ligne.

GORÉeTIC est une initative de “CICEWA”:http://www.apc.org/en/projects/policy/africa/communication-influence-central-east-and-west-afri



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