Élections sud-africaines de 2009: campagnes électroniques, tabous et nouveaux mouvements politiques

Éditeur Women'sNet     JOHANNESBURG,

Débat politique lors de les électionsDébat politique lors de les électionsLes élections sud africaines de 2009 semblent avoir été jusqu’ici les plus vibrantes à avoir tenu le pays. Les parties politiques ont lancé leurs programmes et un problème frappant a été l’absence des questions concernant les femmes sur les agendas des partis politiques, en dépit du fait que les femmes forment la majorité des électeurs inscrits cette année.

Politique 2.0

Durant ces élections, les partis politiques sont tous sortis pour courtiser l’électorat en employant de nouvelles stratégies de campagnes. L’Alliance démocratique (DA) a sorti sa stratégie de campagne électronique et a donné du travail à Helen Zille – elle a activement blogué et a aussi interagi avec des blogueurs. La DA a embrassé le marketing du Web 2.0 de la manière la plus ambitieuse possible. Ceci a placé la DA dans une position avantageuse pour atteindre l’électeur blanc, généralement riche et bien connecté à l’internet, qui constitue leur électorat traditionnel. Le congrès national africain (ANC) a aussi amélioré sa stratégie de campagne électronique en inaugurant un site de campagne et des groupes facebook. Comme les grands partis politiques ont flirté avec de jeunes électeurs utilisant les nouveaux media, les partis plus petits ont gardé la traditionnelle manière de faire campagne, bien que d’autres aient utilisé les SMS pour tenir informés leurs sympathisants.

Êtes-vous une féministe?

Lors de la course aux élections, Women’sNet a pris part à une série de débats et de dialogues co-organisés avec des partenaires pour discuter des questions politiques et de genre. Le 8 avril, nous avons pris part à un débat organisé par la Commission pour l’égalité du genre (Commission for Gender Equality (CGE)) en collaboration avec son consortium de partenaires (y compris Women’Net). Fait intéressant, les partis politiques ont seulement envoyé des femmes pour les représenter à ce forum. Quand vint le temps des questions, Sally-Jean Shackleton (Directrice de Women’sNet) posa une question aussi intéressante que simple au panel : Etes-vous féministe ? Les politiciennes se débattirent avec la réponse, et presque toutes refusèrent de s’identifier comme féministes. Seule la représentante du Parti de la liberté Inkatha affirma qu’elle était une féministe. Apparemment, en politique, féminisme est encore un mot tabou.

La violence contre les femmes

« Les partis politiques en Afrique du Sud manquent de stratégies concrètes pour s’attaquer à la violence contre les femmes, un problème auquel doit faire face un nombre important de leur électorat, et un défi important pour le développement du pays ». C’était le message des représentants des partis politiques au cours d’un débat organisé par le Tshwaranang Legal Advocacy Centre, Women’sNet et le Département des études politiques (Political Studies Department) de Wits University plus tôt ce mois-ci à Johannesbourg. Un des points au débat était la situation désespérée de Buyisiwe, qui a été desservie par le système judiciaire et a du faire appel à la justice pour que son cas soit entendu, juste pour entendre que son procès a été reporté. Buyisiwe a été violée par un gang en 2005 et son procès a été reporté 23 fois. 23 fois elle s’est réveillée tôt d’une nuit sans sommeil pour se rendre au tribunal et 23 fois elle est retournée à la maison sans que son procès n’ait bougé d’un iota. Buyisiwe est l’une des milliers de femmes qui attendent que les roues du système judiciaire criminel tournent.

Quel espoir d’autres survivantes du viol ont-elles si elles doivent reporter leurs procès et parcourir le même chemin que Buyisiwe ? Avec toute la rhétorique politique qui avait suivi, aucun parti politique ne semblait avoir des stratégies concrètes pour régler les problèmes rencontrés par les femmes dans ce pays. Women’sNet a interviewé Women Forward pour savoir s’ils apportent de nouvelles solutions aux problèmes des femmes.

Women Forward (WF) représente-t-il le nouveau movement politique ?Jeune journaliste lors du débatJeune journaliste lors du débat

Au cours de notre interview avec la porte-parole de Women Forward, Sizile Ndlazi, elle nous a dit que ce parti politique avait été créé parce qu’il était devenu clair que les problèmes des femmes n’étaient pas pris en compte et que dans la mesure où la Présidente de Women Forward, Mme Nana Ngobese-Nxumalo, avait travaillé dans le gouvernement, il était évident que autant il y avait toutes ces belles politiques en place pour l’autonomisation des femmes, autant les ressources n’étaient affectées là où il le fallait et les femmes étaient toujours marginalisées.

Women Forward est-il féministe ? Avions-nous demandé. Ndlazi nous répondit que la réponse était un non tonitruant. La suite de cette question était : L’Afrique du Sud est-elle prête pour une présidente, ce à quoi WF répondit que ce pays était passé par beaucoup de choses, à propos desquelles beaucoup de personnes avaient pensé que nous n’étions pas prêts, alors des femmes au poste de président, ce n’était une chose importante, je veux dire nous ne changerons pas le drapeau national en rose, la seule différence est que nous apporterons la paix et l’harmonie avec nous.

Le paradoxe de Jacob Zuma

Les activistes du genre se font aussi du souci par rapport à ce qu’une présidence de Jacob Zuma signifierait pour les femmes et les questions relatives à la violence liée au genre. Même si on ne tenait pas compte des charges antérieures de viol contre lui et des questions concernant la possible cohabitation de la polygamie et de l’égalité du genre, les activistes soutiennent que la conduite du procès pour viol et le traitement stigmatisant de la femme impliquée avait sans aucun doute un peu plus réduit la confiance des femmes à aller de l’avant.

L’électrice pourrait aussi se demander pourquoi Monsieur Zuma ressent le besoin de se marier encore. Il a à maintes reprises loué sa première épouse qui avait récemment dit à un journaliste qu’elle « aimerait être la première dame au cas où il serait élu », et jusqu’à présent, son mariage avec une femme beaucoup plus jeune que le Mercury avait décrit comme une ‘femme mondaine de Durban’, a soulevé des questions quant aux motivations à la base de cette union. Monsieur Zuma a-t-il choisi une nouvelle épouse, plus jeune et plus attirante parce qu’il estime qu’elle est une image publique plus convenable, et si tel est le cas, est-ce là réellement les qualités sur lesquelles un leader devrait mettre l’accent et louer ?

Vous en voulez plus? Lisez la totalité du journal (en anglais).

À propos de Women’sNet: Women’sNet est une organisation féministe qui travaille pour faire avancer l’égalité de genre et la justice en Afrique du Sud à travers l’usage des technologies de l’information et de la communication (TIC). Nous faisons de la formation et facilitons la diffusion et la création de contenus qui appuient les femmes, les filles et les organisations et réseaux de femmes et de genre pour prendre contrôle de leur propre contenu et de l’utilisation des TIC.

Photos par Women’sNet



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